vendredi 16 novembre 2018

Le projet Énergie Saguenay - un beau nom pour cacher un projet inacceptable


Les journaux du 16 novembre 2018 commentent le projet Énergie Saguenay  un projet de transport de gaz de schiste mis de l'avant par un promoteur M. Bergeron, au nom d'intérêts américains.

Qu'il soit produit dans les provinces de l'ouest, le gaz non conventionnel reste du gaz fossile extrait par la fracturation étendue du roc qui le contient. Rien ne change au fait que ce combustible fossile représente un immense recul environnemental par rapport aux gisements conventionnels de gaz naturel. Au fur et à mesure que la production provenant des gisements conventionnels s'amenuise, la proportion du gaz produit par la fracturation hydraulique est en constante augmentation dans le gaz qui provient des provinces de l'ouest. La part du gaz tiré des gisements non conventionnels est actuellement 86%. (données de 2019)  au Canada, comparable aux USA (87%). La part de gaz conventionnel va s'amenuiser considérablement en Amérique du Nord car les derniers gisements conventionnels trouvés n'arrivent pas du tout à compenser la baisse de production des gisements plus anciens. 

La fracturation hydraulique est une des pires techniques inventées par l'homme pour laisser un impact permanant et désastreux pour les générations futures. Les milliers de puits par lesquels on fait la fracturation étendue et continue de toute une strate géologique, créent de toutes pièce un nouveau milieu facturé dans lequel les fluides peuvent migrer. La technique, très imparfaite, ne permet d'extraire commercialement que 8 à 15% du gaz emprisonné dans la  couche de roc; le reste (>85%) est encore en place quand on abandonne les puits. Les fuites pendant la production du gaz  annulent complètement le petit avantage que la combustion du méthane possède en théorie sur celle de l'utilisation du charbon. Mais en plus, à moyen et long termes, ces milliers de puits seront des de sources incontrôlables pour des fuites de méthane qui vont contribuer de façon significative à l'effet de serre; ces fuites qui surviennent après la fin de l'extraction ajoutent un lourd passif à l'utilisation du gaz fossile.

Le promoteur avance pour son projet, les vieux mensonges quant aux impacts réels de l'exploitation du gaz fossile. Cela fait déjà huit ans que les études sérieuses ont démontré la fausseté de la prétention que le gaz  serait moins polluant que le charbon; il serait plus que temps que le promoteur du projet rajuste son discours.

Ce nouveau gazoduc n'est pas planifié pour les besoins locaux; il servira essentiellement à accroitre l'expansion de l'industrie du gaz non conventionnel de l'ouest canadien en créant un nouvel accès aux marchés d'exportation. Le Québec doit impérativement éviter de s'associer à cette expansion de l'industrie des hydrocarbures. Cette façon d'envisager du développement économique est incongrue dans le contexte nouveau des changements climatiques. Il faut impérativement réduire l'utilisation des combustibles fossiles; le projet Énergie Saguenay vise le contraire: permettre de relancer  une expansion de la production de gisements non conventionnels dans l'ouest du continent. La figure ci-dessous montre que le nombre de puits forés chaque année a subi une diminution drastique de 16 000 puits/an à moins de 2000 puits/an durant la dernière décennie. Les provinces de l'ouest cherchent désespérément à relancer à la hausse cette activité majeure de leur économie.



Par contre l'augmentation considérable des longueurs forées indiquent qu'on ne fait maintenant que des puits avec des extensions horizontales de plus en plus longues; elles sont exclusivement destinées à faire de la fracturation hydraulique dans des gisements non conventionnels.

Le Saguenay est une région magnifique à protéger; je suis certain que personne n'acceptera de la sacrifier ainsi pour le bénéfice d'une l'industrie qui songe encore en 2018 à s'enrichir avec l'exportation des hydrocarbures. Même dans un autre lieu moins magnifique, cela ne serait pas plus acceptable. Il est impensable de faire encore aujourd'hui la promotion de nouveau projets d'expansion dans la production et le transport d'hydrocarbures.