jeudi 2 décembre 2021

Les puits abandonnés au Canada

Il y a un peu de nouveau dans le dossier des puits abandonnés au Canada, des petits pas dans la bonne direction. L'organisme Alberta Energy Regulator qui est responsable de la  réglementation du pétrole et du gaz naturel de l'Alberta vient de mettre en place de nouvelles règles visant le problème croissant des puits inactifs et abandonnés dans la province. C'est là un geste concret qui découle des accords récents pour la réduction à la source des émissions mondiales de méthane.

Les puits d'hydrocarbures dans les régions productrices contribuent de façon significative au bilan mondial des émissions fugitives. On ne dispose que d'une évaluation incomplète de ces quantités de méthane émis dans l'atmosphère, car les seules données disponibles sont compilées avec seulement les pays industrialisés. Pour le dernier bilan estimé (2016) ces émissions étaient de 1,33Gt équivalent CO2; 85% de cette valeur provient des gisements de pétrole et gaz, le reste 15% provenant des gisements de charbon.

C'est en Alberta qu'on a compilé les données les plus précises:

- Nombre de puits actifs:      156 926

- Nombre de puits inactifs:    95 524 (pouvant être réactivés éventuellement)

- Nombre de puits abandonnés:              76 372

- Nombre de puits obturés certifiés:       92 205

- Nombre de puits exempts de certification:   36 758

Cependant l'Alberta Energy Regulator émets la nouvelle réglementation afin de mieux suivre à l'avenir l'ensemble des producteurs dispersés sur son territoire; cela part d'une admission que les bilans actuels sont encore basés sur des données incomplètes et imprécises.

J'ai examiné ces nouvelles règles, notamment celles qui gèrent la fermeture définitive des puits et la reconversion des sites. Même ces règles toutes récentes conservent une vision fort limitée de la problématique; elles servent à préciser comment l'exploitant obtient un Reclamation Certificate, et rien dans ces règles ne tient compte de la détérioration future des matériaux qui servent à l'obturation des puits. On continue de croire qu'une fois abandonné et obturé, un puits cessera d'être problématique.

Je rappelle, comme l'a fait en 2014 le rapport du Conseil des Académies Canadiennes (CAC), que les travaux d'obturation auront une durée de vie finie, encore à préciser; en conséquences le CAC constate que la gestion des puits abandonnés demanderait plutôt un suivi à perpétuité: « This raises the possibility of needing to monitor wells in perpetuity because, even after leaky older wells are repaired, deterioration of the cement repair itself may occur » (CAC 2014, p.193)*". Les puits obturés pourront recommencer à émettre du méthane après un certain nombre d'années, quelques décennies tout au plus.

C'est très préoccupant de constater que même les toutes nouvelles règles sont pensées par des gens qui croient que les puits "disparaissent" une fois obturés. C'est vrai qu'on part de très loin dans l'industrie extractive; les nouvelles règles sont un pas dans la réduction à court terme des émissions fugitives. Mais c'est un pas encore loin de régler les très sérieuses lacunes du passé. Cela n'empêchera pas de léguer aux prochaines générations des centaines de milliers de sources potentielles de méthane: une par puits qui se remettra à laisser fuir du gaz.

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* Dans la version française du rapport du Conseil des académies canadiennes (CAC) 2014.  (Incidences environnementales liées à l’extraction du gaz de schiste au Canada), la citation se situe à la page 228: "Cette situation laisse entrevoir la nécessité d’une surveillance à perpétuitécar même après qu’on ait réparé d’anciens puits présentant des fuites, les réparations du ciment pourraient elles-mêmes se détériorer.".


jeudi 11 novembre 2021

Anticosti au patrimoine de l'Unesco

Le journal Le Devoir du 11 novembre 2021 publie un très bon texte sur l'intérêt géologique de l'Île d'Anticosti:  Anticosti, à l’origine des extinctions.

L'article résume un article récent paru dans la prestigieuse revue Nature Geoscience, qui traite de la première grande extinction massive d'espèces survenue il y a 440 millions d'années. Les chercheurs spécialistes de la période géologique nommée Ordovicien estiment que cette extinction a vu la disparition de 85% des espèces vivantes à cette époque.

Les formations géologiques d'Anticosti contiennent des strates très riches en fossiles de cette période. Anticosti constitue un lieu privilégié pour mener des recherches visant à mieux comprendre les environnements et les conditions ayant mené à cette extinction de masse. C'est là une des excellentes raisons pour demander le classement de l'île parmi les sites patrimoniaux de l'UNESCO.

La recherche sur les extinctions de masses dans l'histoire géologique devient encore plus pertinente qu'avant. La connaissance du passé aide à mieux comprendre l'avenir.

lundi 6 septembre 2021

Annonce d'un nouveau blog

Ce mois-ci pour mon billet sur l'actualité du mois, j'ai le plaisir de vous annoncer que je viens de mettre en ligne un blog sur un nouveau sujet qui m'a interpellé cette semaine dans l'actualité.

Le sujet est le REM de l'Est, le nouveau réseau express métropolitain qui a été largement commenté lorsque le promoteur CDPQ Infra a publié deux études géotechniques. Le promoteur justifie son projet de voies sur pylônes au centre-ville par les problèmes géotechniques que rencontrerait une option en tunnel. Ce sujet tombe assez précisément dans mon champ de compétence. 

Comme précédemment pour les questions géologiques qui touchaient les dossiers gaz de schiste dans l'Utica des Basses-terres du St-Laurent, ainsi que le dossier de l'Ile d'Anticosti, je crois utile d'apporter un son de cloche indépendant et distinct de celui du promoteur.

Je vous invite à visiter mon nouveau site et à y laisser vos commentaires:  https://remdelest.blogspot.com

mercredi 11 août 2021

Projets GNL en Colombie-Britannique

Le projet GNL Québec est bien mort et enterré, mais ce n'est pas le cas ailleurs au Canada où des projets similaires sont à divers degrés d'avancement. L'expansion se poursuit dans la production et l'exportation de gaz de l'Ouest produit principalement par la fracturation hydraulique. Ce gaz est destiné aux marchés asiatiques notamment.


Après avoir signé des ententes pour le partage de redevances, certaines premières nations de Colombie Britannique participent activement à ces projets sous forme d'accord pour l'utilisation de territoires sous leur gestion. Tout les projets n'aboutissent pas cependant. Le projet Steelhead à Sarita Bay sur la côte ouest de l'île de Vancouver, qui avait été lancé en 2017 avec l'appui de chefs autochtones locaux, a finalement été annulé en 2019.


Il y a d'autres projets dans la région de Kitimat, près de la frontière avec l'Alaska. Ils se situent dans l'encadré rouge situé à la hauteur de la formation géologique Montney dans la figure 1 ci-dessous; ils sont beaucoup plus près des secteurs géologiques où se fait la production. La figure 2 montre plus en détails le secteur du rectangle rouge.


Figure 1  Carte du Nord de la Colombie Britannique montrant les quatre ensembles géologiques d'où le gaz est extrait par fracturation hydraulique: Montney, Horn River, Liard et Cordova. Le Montney est actuellement la plus importante zone de production. La zone indiquée par le rectangle rouge est agrandie dans la figure suivante.
Figure 2  Zone agrandie pour montrer le site du projet à Wil Milit près de Gingolx, à 80 km au nord de Prince Rupert.

Quelques semaines seulement après que la communauté de Lytton ait enregistré un record historique de chaleur au Canada (47,9°C), puis avoir finalement été détruite par un incendie, (un parmi les centaines d'autres qui ravagent la Colombie Britannique), des investisseurs industriels déposent encore des projets pour permettre l'expansion de la production de gaz dans cette province.  Le tout récent projet Ksi Lisims LNG à Wil Milit est présenté par ses promoteurs comme un projet "carboneutre" qui utilisera de l'énergie propre (hydroélectrique) pour produire 12 millions de tonnes/an de gaz naturel liquéfié, à partir de 2027. Comme GNLQ, l'usine de liquéfaction se situe au fond d'un fjord magnifique, mais à la différence du projet au Québec, l'installation projetée sera flottante. Les promoteurs utilisent un copié-collé de tous les arguments fallacieux entendus pour GNLQ.

Un autre projet, celui de LNG Canada de Shell est en cours de construction à Kitimat, ainsi qu'un long gazoduc (Costal GasLink) associé à cette usine de liquéfaction. Un deuxième projet à Kitimat, piloté celui-là par Chevron Corp. a de son côté été abandonné en mars 2021.

Il y a eu d'autres projets déposés auprès de l'Agence canadienne d'évaluation d'impact, dont le projet qui devait être développé en deux phases à Ridley Island dans les installations portuaires de Prince Rupert. La capacité de traitement prévue dans ce cas (21 millions de tonnes/an de gaz liquéfié), monte au double de ce que visait GNLQ au Saguenay.

On peut donc constater que malgré les cris d'alarme des scientifiques, malgré les signes très concrets de l'impact des gaz à effet de serre, notamment les incendies en Colombie Britannique, les promoteurs de l'expansion de l'industrie gazière dans cette province continuent de préparer des projets qui visent tous à augmenter la capacité de production et de transport de gaz au Canada. C'est en totale contradiction avec la recommandation récente de l'Agence Internationale de l'Énergie qui indique qu'il ne faut plus investir dans des nouveaux projets de combustibles fossiles.

lundi 9 août 2021

6e Rapport du GIEC - partie du groupe de travail no I

Le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sera publié en 2022, mais une partie de son contenu est disponible aujourd'hui. Le GIEC fonctionne avec trois groupes de travail:

Groupe I – Éléments scientifiques du changement climatique : l’évolution passée du climat et son évolution selon divers scénarios d’émissions de gaz à effet de serre.

Groupe II – Incidences, adaptation et vulnérabilité : analyse des conséquences pour les écosystèmes (naturels, agricoles) et l’impact de ces conséquences pour les sociétés. Le groupe se penche aussi sur adaptations possibles face à ces impacts.

Groupe III – Atténuation du changement climatique : ce dernier groupe s’adresse directement aux décideurs, car il élabore et suggère les politiques qui tenteront de limiter la hausse des températures durant les prochaines décennies

C’est le groupe I qui vient de publier son rapport ce 9 août 2021: "Climate Change 2021: The Physical Science Basis"*; il s'agit d'un texte qui reste à être approuvé et adopté par le GIEC. Les rapports des groupes II  et III sont attendus un peu plus tard dans les deux prochains mois. Ces trois rapports serviront à préparer en 2022 le sixième rapport de synthèse qui devrait être publié en mai 2022.

En tant que scientifique, je m’intéresse plus particulièrement aux travaux du groupe I  qui analyse la physique du climat terrestre. Ces experts analysent une quantité impressionnante de données physiques mesurées partout sur le globe. Ils ont raffiné depuis 1990 les modélisations de l’évolution du climat selon divers scénarios, en y incluant évidemment les projections dans les apports anthropiques; on pense notamment aux gaz à effet de serre dont les principaux sont le CO2 et le CH4. 

Depuis trois décennies, les projections initiales ont été confirmées par des millions d'observations; là où on disposait de moins de 2000 stations de mesures de température terrestre par exemple, ils disposent maintenant des données de 40 000 stations. Les outils de modélisation sont maintenant dix fois plus détaillés (le maillage de 500m est maintenant passé à moins de 50m). La modélisation de plus englobe un éventail bien plus large de paramètres physiques. La figure ci-dessous place côte-à-côte les évaluations et les sources de données physiques en 1990 et 2021:


Le présent rapport fournit de façon très détaillée la base scientifique sur laquelle se construit toute la suite d'analyses de l'impact des  activités humaines sur le climat. Il est primordial d'y accorder la plus grande attention. Il y a encore des puissants groupes d'intérêt industriels qui entretiennent des théories négationnistes et qui s'efforcent de faire passer les analyses du GIEC comme des hypothèses contestables. Les négationnistes sont à ranger dans la même boîte que les anti-vaccins et les conspirationnistes de tout acabit; ce sont avant tout des anti sciences dont l'action va continuer à retarder les prises de décision, pourtant urgentes, pour l'avenir de l'humanité.

Ce rapport insiste aussi beaucoup sur le rôle du méthane, souvent au second plan car on a de tout temps associé le réchauffement au CO2. Autre point du rapport: le stockage du carbone a été présenté par certains comme une solution (solution qui ne concerne que le CO2 et pas du tout le méthane), or c'est une solution ponctuelle qui peut aider certaines industries à réduire leur empreinte CO2, mais ce n'est pas la panacée que d'aucun ont envisagée. Il faut impérativement que les politiciens et tous les décideurs en poste prennent véritablement en compte les données scientifiquement validées du GIEC et aillent plus loin que les belles paroles. Ces données ne sont plus des hypothèses, mais bien des réalités scientifiquement établies.

Il y a dès maintenant une mesure urgente à adopter au Québec: nous venons de passer les dix dernières années à perdre temps et ressources pour débattre et analyser des projets de production de gaz de schiste dans le Shale d'Utica, de production de pétrole de schiste à Anticosti et dernièrement une usine de liquéfaction au Saguenay pour l'exportation de gaz de schiste de l'Ouest canadien. Heureusement aucun de ces projets farfelus ne s'est concrétisé, mais pendant ces dix ans, la situation décrite par le GIEC a considérablement empiré. La mesure que le gouvernement du Québec doit adopter c'est de faire table rase et mettre à la poubelle toutes ses interventions réglementaires** et législatives des dernières années, celles qui ont permis et favorisé ces projets. C'est à rayer définitivement du paysage, à commencer par les permis d'exploration d'hydrocarbures.

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* Pour l'instant, il semble que seule la version anglaise soit disponible; la version française devrait être disponible un peu plus tard, car le GIEC publie ses documents officiels dans six langues dont le français.

** Règlements (liste non exhaustive):
- les quatre règlements publiés en 2017 pour la loi sur les hydrocarbures
- le chapitre V du RPEP  (août 2014) qui traite de la fracturation hydraulique
     Texte de loi:  Le chapitre IV de la loi 106 qui constitue la Loi sur les hydrocarbures (LSH)

mardi 20 juillet 2021

Décision du gouvernement sur GNLQ

La nouvelle de ce mardi 20 juillet porte sur l'annonce que fera le ministre Benoit Charrette demain mercredi à Saguenay à propos du projet GNLQ étudié par le BAPE, dont le rapport défavorable a été rendu public le 24 mars dernier. 

Les gouvernements prennent toujours leurs décisions sur des considérations politiques avant tout, rarement sur les seuls arguments des analyses fournies par les scientifiques*. Les créations d'emploi, les investissements dans des régions qui en ont un grand besoin, etc. ont un poids politique qui a jusqu'ici guidé les prises de positions du premier ministre à propos de GNL Québec.

Cette fois-ci cependant, même en regard d'un point de vue strictement politique, les scientifiques et l'opposition citoyenne telle qu'exprimée dans la très grande participation au processus de consultation du BAPE ont formé un bloc puissant opposé à ce projet. Est-ce que cette opposition aura eu aux yeux du Conseil des ministres un poids politique assez fort pour renverser leurs prises de position antérieures?  La réponse ce mercredi à 15h à l'hôtel Montagnais à Saguenay.

Je commenterai plus en détails la décision une fois qu'elle sera rendue.

21 juillet 15h10, fin de l'attente c'est NON au projet GNLQ. Le ministre Benoit Charette vient de le confirmer en conférence de presse. C'est en répondant à une question d'une journaliste de TVA que le ministre Charette a précisé que c'était un refus définitif pour ce projet. Le projet GNLQ ne rencontrait aucune des trois conditions qui aux yeux du gouvernement l'aurait rendu acceptable. Il a reconnu que son gouvernement avait initialement appuyé ce projet, mais que cet appui était conditionnel à ces trois conditions.

Le ministre Charette a répondu à une autre question portant sur l'autre élément: GAZODUQ. Ce deuxième projet étant relié à GNLQ, il tombe à l'eau automatiquement. Les communautés des premières nations ont récemment signifié un refus définitif à un gazoduc qui aurait à traverser leur territoire.

Vers la fin de la période de questions, le ministre précise que le décret du refus sera publié à la Gazette officielle d'ici deux à trois semaines; il ajoute que les éléments du dossier, les questions du gouvernement au promoteur seront publiées dans les prochains jours. Il résume cette partie du dossier en disant que les réponses du promoteur n'étaient pas du tout satisfaisantes.

Les feux de forêt dans les provinces de l'Ouest nous rappellent que l'impact des combustibles fossiles constitue dès maintenant une réalité qu'on ne peut passer sous le tapis. Faut-il attendre que ce soit les forêts du Saguenay qui s'embrasent à leur tour pour convaincre les promoteurs locaux que des projets impliquant l'expansion de la production de pétrole ou de gaz ne sont plus envisageables? Ils sont déçus pour les jobs que promettait GNLQ. On ne peut pas en 2021 fonctionner comme dans les années cinquante et accepter n'importe quoi sur ce seul argument de jobs à créer.

Le Québec n'ouvre pas son territoire pour permettre l'expansion de nouveaux pipelines et gazoducs. Ceux qui existent déjà fourniront encore quelques décennies les besoins en combustibles, mais tous les nouveaux investissement doivent aller dans des projets qui diminueront leur utilisation, pas le contraire.

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* Un cas très concret du peu de poids accordé aux arguments scientifiques, c'est par exemple le fait que seuls les promoteurs ont prétendu que le projet GNLQ permettrait une diminution de l'impact des gaz à effet de serre. Tous les scientifiques ont exprimé un avis contraire; pourtant le premier ministre a cru et a exprimé pour deux projets distincts un avis concordant avec celui des promoteurs sur cette question précise: en septembre 2020 pour GNLQ et même tout récemment en avril 2021 Goldboro GNL.

Un autre élément qui laisse un doute sur la qualité des connaissances scientifiques et de celles l'entourage du ministre, est apparu en fin de la conférence de presse où le ministre répond à la question précise de Keven Doherty à propos du gaz de l'Ouest canadien: "est-ce que c'est possible de voir le gaz comme une énergie de transition?". Il répond: "le gaz naturel dans certaines conditions peut servir d'énergie de transition" (minute 31:30 de la vidéo). Ce mythe que le gaz puisse être une énergie de transition, est faux au point de vue scientifique.

samedi 1 mai 2021

Mettre fin aux permis d’exploration d’hydrocarbures au Québec


James Millar porte-parole de Pieridae a indiqué il y a moins d’un an que son entreprise a réévalué ses projets au Québec à la fin de 2019; il déclare que ceux-ci ne cadrent plus avec les projets de la compagnie « Donc, nous n’avons pas de plan de développement dans la province ».  Pieridae avait acquis en 2017 tous les actifs de Pétrolia, après que cette dernière ait grassement obtenu des fonds publics au cours de son existence. Déclarer qu’après réévaluation on raye les projets de développement pétrolier au Québec, n’empêche pas cette même compagnie de déposer une poursuite de $32 millions contre le gouvernement du Québec pour le projet Haldimand annulé.


Le gouvernement devrait mettre fin à la très coûteuse aventure des permis d’hydrocarbures au Québec. Aucun des permis qui arrive à échéance ne doit être renouvelé ou remis sur le marché: il doit tout simplement être retiré. Aucune compensation ne doit être payée par l'État pour le retrait des permis échus. Aucun nouveau permis ne doit être crée par le MERN. Il y aurait lieu aussi de faire enquête pour mettre en lumière les nombreuses failles au MERN dans cette saga, laquelle aura couté depuis 2006 des centaines de millions de fonds publics en pure perte.


Des hauts fonctionnaires ont échafaudé une politique pour promouvoir l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures. Ces hauts fonctionnaires, dont plusieurs sont toujours en poste, et le lobby de l’industrie ont grandement influencé les politiciens qui se sont succédés, et qui pour la plupart n'avaient qu'une expertise fort limitée en ce domaine. Le syndrome des portes tournantes était bien présent : des fonctionnaires qui après avoir créé et distribué les permis, passaient du côté de l’industrie pour s’en faire ouvertement promoteurs.

-  Les permis distribués à rabais: 10¢/hectare comme droits annuels au lancement de cette politique. À lui seul le plus gros ballon dégonflé (Anticosti) aura englouti 92M$ en dépenses et en dédommagement pour le retrait des permis.

-    À cela s’est ajouté des subventions et injections directes de fonds publics dans plusieurs autres projets et compagnies privées (Junex, Pétrolia, etc.)

-  Des commissions d’études (ÉES, BAPE) ont suivi les premiers dégâts constatés. Aucun projet ne s’est avéré viable; les études ont montré que tous créaient des impacts environnementaux majeurs.

Il y a au moins deux autres tentatives de soutirer des millions de fonds publics :

- Lone Pine Resources Inc. poursuit le gouvernement du Canada ) pour 250M$

- Questerre Energy Corp de Calgary a initié une poursuite en 2018 pour faire invalider les règlements de la loi sur les hydrocarbures qui gèlent ses avoirs dans les Basses-Terres du St-Laurent. Le cout pour le règlement de ce litige est encore inconnu, car la poursuite a été suspendue pour y substituer des négociations à huis clos avec le gouvernement.


Lorsqu’on tente d’évaluer les retombées et les couts des aventures récentes impliquant les hydrocarbures au Québec, il est très facile de mesurer les retombées : il n’y a eu que des dépenses et aucun revenu pour l’État. Les faibles rentrées d’argent que donnent les frais annuels des permis sont très rapidement annulées par le couts des salaires des fonctionnaires requis pour gérer ces permis.

Les permis encore actifs en 2021 (source: MERN)


Les dépenses pour l’État sont faramineuses et elles croissent d’année en année; les commissions d’enquête, les inspections sur le terrain, les interventions sur les puits problématiques, les frais judiciaires des poursuites qui s’additionnent. À tout cela il faudrait ajouter au moins 500M$ des couts engendrés par la catastrophe des wagons transportant du pétrole de schiste à Lac Mégantic en 2013. Cela aussi c’était des hydrocarbures non conventionnels obtenus par la fracturation hydraulique, ce que M. Binnion de Questerre se plait à nommer « le miracle économique » du 21esiècle. Pour le Québec, le bilan de ce dossier est au contraire un véritable gouffre économique.


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Addendum du 2 juin 2021, le Centre Québécois du Droit de l'Environnement publie un très intéressant rapport qui démontre la capacité en toute légalité de mettre fin aux activités d'hydrocarbures au Québec.  Mettre fin aux activités de l'industrie des hydrocarbures englobe un éventail plus large d'activités, plus vaste que la seule option de mettre fin aux permis d'exploration. Ne pas renouveler ces permis à leur échéance et ne pas permettre qu'ils soient transférés serait la première étape essentielle; en quelques années, cela mettrait fin à toute activité extractive et/ou d'exploration.

jeudi 7 janvier 2021

2021 sera une année de gros ménage: > Trump - Covid - GNL - etc. > >


Ces jours-ci se termine le très désastreux règne des quatre années de trumpisme; d'ici 15 jours les américains vont amorcer un très gros ménage de tous le débris laissés par cette administration qui a eu un impact rétrograde sur la démocratie de ce grand pays, sur l'environnement, sur la santé de ses citoyens. Je dis "trumpisme" et non pas Trump, car les dégâts, le désordre et les débris à ramasser ne sont pas le fait d'un seul homme: tous les "suiveux", républicains d'extrême droite, complotistes de tout acabit, etc. y ont grandement participé. Quand le plus gros responsable sera sorti de la Maison Blanche, le ménage pourra commencer. Les américains devront réparer bien des structures dans leur pays: la cohésion sociale, la confiance dans les institutions, leur système de santé, et bien d'autres choses. L'année 2021 ne suffira pas à cette tâche.

L'humanité dans son ensemble aura comme travail de l'année 2021 de nettoyer le terrible virus de la covid-19 partout dans le monde et non pas seulement dans les pays développés. Pour les virus, les frontières n'existent pas vraiment; ce ne sont que des barrières peu efficaces qui ne peuvent que retarder temporairement leur progression planétaire. En 2021, une fois que chaque pays aura fait le plein de sa propre vaccination et pour que le ménage sanitaire soit complet sur terre, il faudra qu'émerge une prise en charge de la santé mondiale beaucoup plus efficacement que précédemment.

La question de la dégradation de l'environnement par les trop grandes émissions de gaz à effet de serre et par les rejets de nos multiples contaminants industriels dans les milieux de vie de la biosphère (sols, eau, atmosphère) va demeurer en 2021 et pour encore bien des années à venir, la plus grande menace pour l'humanité. Chaque individu, chaque ville, chaque pays doit en devenir conscient dans ses décisions courantes. C'est très loin d'en être le cas actuellement; prenons simplement comme exemple les décisions qu'on devra prendre cette année au Québec dans le cas de la lutte aux changements climatiques. Comment se fait-il qu'on doivent encore militer si fort pour balayer hors du Québec un projet d'expansion de la production de gaz de l'Ouest comme GNL Saguenay? * Je souhaiterais qu'on fasse un très gros ménage en 2021 dans les projets, dans les politiques, dans les règlements mis en place au cours des dix dernières années. On pourrait commencer par un gros coup de balai dans les lois et règlements qui ont été adoptés pendant la période où des promoteurs ont fait miroiter des projets de développement pétrolier et gazier.  Je pense notamment aux articles de la loi 106, au RPEP, aux règlements reliés à la loi sur les hydrocarbures et plus spécifiquement à tous leurs articles où le développement pétrolier et gazier est encore permis et facilité.

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* Les coups de balais sont déjà commencés chez GNL