La nouvelle de ce mardi 20 juillet porte sur l'annonce que fera le ministre Benoit Charrette demain mercredi à Saguenay à propos du projet GNLQ étudié par le BAPE, dont le rapport défavorable a été rendu public le 24 mars dernier.
Les gouvernements prennent toujours leurs décisions sur des considérations politiques avant tout, rarement sur les seuls arguments des analyses fournies par les scientifiques*. Les créations d'emploi, les investissements dans des régions qui en ont un grand besoin, etc. ont un poids politique qui a jusqu'ici guidé les prises de positions du premier ministre à propos de GNL Québec.
Cette fois-ci cependant, même en regard d'un point de vue strictement politique, les scientifiques et l'opposition citoyenne telle qu'exprimée dans la très grande participation au processus de consultation du BAPE ont formé un bloc puissant opposé à ce projet. Est-ce que cette opposition aura eu aux yeux du Conseil des ministres un poids politique assez fort pour renverser leurs prises de position antérieures? La réponse ce mercredi à 15h à l'hôtel Montagnais à Saguenay.
Je commenterai plus en détails la décision une fois qu'elle sera rendue.
21 juillet 15h10, fin de l'attente c'est NON au projet GNLQ. Le ministre Benoit Charette vient de le confirmer en conférence de presse. C'est en répondant à une question d'une journaliste de TVA que le ministre Charette a précisé que c'était un refus définitif pour ce projet. Le projet GNLQ ne rencontrait aucune des trois conditions qui aux yeux du gouvernement l'aurait rendu acceptable. Il a reconnu que son gouvernement avait initialement appuyé ce projet, mais que cet appui était conditionnel à ces trois conditions.
Le ministre Charette a répondu à une autre question portant sur l'autre élément: GAZODUQ. Ce deuxième projet étant relié à GNLQ, il tombe à l'eau automatiquement. Les communautés des premières nations ont récemment signifié un refus définitif à un gazoduc qui aurait à traverser leur territoire.
Vers la fin de la période de questions, le ministre précise que le décret du refus sera publié à la Gazette officielle d'ici deux à trois semaines; il ajoute que les éléments du dossier, les questions du gouvernement au promoteur seront publiées dans les prochains jours. Il résume cette partie du dossier en disant que les réponses du promoteur n'étaient pas du tout satisfaisantes.
Les feux de forêt dans les provinces de l'Ouest nous rappellent que l'impact des combustibles fossiles constitue dès maintenant une réalité qu'on ne peut passer sous le tapis. Faut-il attendre que ce soit les forêts du Saguenay qui s'embrasent à leur tour pour convaincre les promoteurs locaux que des projets impliquant l'expansion de la production de pétrole ou de gaz ne sont plus envisageables? Ils sont déçus pour les jobs que promettait GNLQ. On ne peut pas en 2021 fonctionner comme dans les années cinquante et accepter n'importe quoi sur ce seul argument de jobs à créer.
Le Québec n'ouvre pas son territoire pour permettre l'expansion de nouveaux pipelines et gazoducs. Ceux qui existent déjà fourniront encore quelques décennies les besoins en combustibles, mais tous les nouveaux investissement doivent aller dans des projets qui diminueront leur utilisation, pas le contraire.
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* Un cas très concret du peu de poids accordé aux arguments scientifiques, c'est par exemple le fait que seuls les promoteurs ont prétendu que le projet GNLQ permettrait une diminution de l'impact des gaz à effet de serre. Tous les scientifiques ont exprimé un avis contraire; pourtant le premier ministre a cru et a exprimé pour deux projets distincts un avis concordant avec celui des promoteurs sur cette question précise: en septembre 2020 pour GNLQ et même tout récemment en avril 2021 Goldboro GNL.
Un autre élément qui laisse un doute sur la qualité des connaissances scientifiques et de celles l'entourage du ministre, est apparu en fin de la conférence de presse où le ministre répond à la question précise de Keven Doherty à propos du gaz de l'Ouest canadien: "est-ce que c'est possible de voir le gaz comme une énergie de transition?". Il répond: "le gaz naturel dans certaines conditions peut servir d'énergie de transition" (minute 31:30 de la vidéo). Ce mythe que le gaz puisse être une énergie de transition, est faux au point de vue scientifique.