Le facteur de réchauffement
climatique, nommé "potentiel de réchauffement planétaire, ou
global" (PRP ou PRG) permet de comparer la puissance des divers gaz à
effet de serre. Le potentiel des gaz est comparé à l'effet du gaz carbonique
(CO2) qui est le gaz le plus omniprésent. En anglais on utilise
GWP pour Global Warming Potential; une définition complète du
paramètre se trouve au chap, 8,7 du rapport du GIEC (pp.710-720).
Le Groupe
d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988; il publie
régulièrement des rapports sur la situation planétaire à la lumière des
dernières recherches effectuées à l'échelle mondiale. Son cinquième rapport
fait le bilan des données de l'année 2013 et il a été adopté et publié en 2014.
Pour le méthane, le facteur a été
bien analysé dans un bulletin de l'AQLPA dont nous reproduisons ci-dessous le tableau des
valeurs attribuées au deux sources de méthane (CH4):
Dans le chapitre 8 du rapport du GIEC (voir le tableau page 731), on cite deux valeurs très proches mais légèrement différentes: 84 et 85 pour le CH4. L'organisme américain EPA utilise quant à lui la fourchette 84 à 87, la valeur la plus élevée 87 est celle qui s'applique au méthane fossile (comme celui des gisements de gaz de schiste). Le tableau 8,7 du GIEC (p. 714 et reproduit ci-dessous) donne les valeurs 86 et 34 pour le CH4, mais une note y précise que les valeurs pour le méthane fossile sont respectivement plus élevée de +1 pour 20 ans et de +2 pour 100 ans:
Que ce soit 84, 85, 86 ou 87, la valeur révisée pour le méthane fossile est significative.
On peut constater que le GIEC a révisé à la hausse les valeurs du PRG attribuées au méthane; de plus il distingue maintenant l'effet du méthane biogénique (celui produit par la décomposition de la matière organique), de l'effet du méthane fossile, c'est-à-dire celui qui émane des gisements d'hydrocarbures. Dans ce dernier cas, il y a toujours une petite proportion d'autres gaz (éthane, propane, etc.).
L'éthane est le deuxième gaz présent
dans le gaz qui s'échappe des puits qui ont des fuites. Il peut
couramment être un constituant de 10% du gaz naturel. Je n'ai pas encore trouvé
les valeurs actualisées des facteurs PRG pour l'éthane et le propane*.
Dans l'urgence d'intervenir d'ici 2040 pour réduire les gaz à effet de serre, il est devenu évident que les valeurs à prendre en considération dans le cas du méthane sont celles de l'horizon de 20 ans. Le choix de comparer les gaz sur un horizon de 100 ans date de 1995 et n'est plus justifié aujourd'hui. Le MDDELCC continue de véhiculer la valeur 22 ou 25 comme facteur pour le méthane. C'est l'ancienne valeur sur l'horizon de 100 ans; elle est quatre fois plus petite que la valeur 87 (ou 85) qui elle représente la réalité de façon plus pertinente. Au gouvernement, c'est une façon de minimiser l'impact réel des fuites de méthane dans les divers rapports, notamment ceux dont la publication visait à promouvoir le potentiel d'exploitation des shales au Québec: l'Utica dans les Basses-Terres du St-Laurent et le shale Macasty à Anticosti. On a minimisé ainsi le coût réel des externalités des fuites de méthane dans le rapport ATVSO2 pour lequel j'ai fait un résumé critique.
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* une source non vérifiable attribue un facteur PRG de 3,3 au propane et 6,0 à l'éthane
Merci pour vos articles qui sont une bonne source d'informations pour comprendre les dessous (techniques) des dangers de l'industrie du gaz de schiste et pouvoir répondre à l'argumentaire bien rodé des gens qui la soutiennent. Bonne continuation
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