Le 28 juin 2020, la Cie Chesapeake Energy a déposé son bilan. Le géant des hydrocarbures a été la figure dominante de l'implantation de la fracturation hydraulique pour l'exploitation de gisements marginaux. Cette firme basée à Oklahoma City est un opérateur dominant au Texas, en Louisiane, au Dakota, en Pennsylvanie, au Nouveau Mexique, entre autres.
Chesapeake Energy avait 37 milliards de dollars d'actifs il y a une dizaine d'années. La fracturation hydraulique a propulsé les USA en tête des pays producteurs ces dernières années, mais cette importante production a entrainé une chute du prix des hydrocarbures. L'effondrement de la demande en raison de la crise de la Covid-19 n'a fait qu'aggraver une situation déjà précaire.
La firme d'analyse Haynes & Boone de Houston estimait en mai dernier qu'il y avait déjà pour ce début d'année 2020 dix-sept producteurs ayant déclaré faillite aux USA en raisons de dettes cumulant 14 G$. Chesapeake Energy est le 18e, qui ajoute 9 G$ au passif. Cette même analyse indiquait que 250 producteurs pourraient subir le même sort en raison de l'écart actuel entre les coûts de production et le prix des hydrocarbures. Les déficit des années 2014 à 2019 ont été mesurés à une moyenne de 2.9G$/an; pour l'année en cours le manque à gagner se chiffre déjà à plus de 38 G$.
Quels seront les prochains gros joueurs à se placer sur la loi des faillites aux USA et dans le monde? L'exploitation des gisements marginaux a des coûts d'extraction 100% plus élevés que ceux du pétrole et le gaz extraits des immenses réserves conventionnelles (Russie et Moyen-Orient antre autres). Les exploitants américains ont emprunté des sommes colossales pendant la dernière décennie; la chute de la demande mondiale en cette année de pandémie de covid vient de sonner l'heure du bilan.
Les faillites ne signifient pas nécessairement un arrêt de la production avec les installations en place, car elles pourront reprises par d'autres. Mais l'accès au capital pour continuer à forer les nouveaux puits qui sont requis pour compenser la production déclinante des puits en place, sera maintenant très restreint.
L'impact climatique de ces faillites a été bien commenté dans un texte du NY Times en juillet dernier. Un nombre considérable de puits fuyants sont laissés dans un état lamentable par les exploitants trop endettés pour les fermés correctement. Pour plaire aux petits producteurs les plus endettés, l'administration Trump vient de lever en août 2020 les obligations réglementaires qui se rapportaient à la correction des fuites, contre l'avis des grands acteurs de l'industrie.