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Documents écrits par Marc Durand, Doct-ing en géologie appliquée et géotechnique, sur le sujet des gisements d'hydrocarbures marginaux exploités de façon non conventionnelle - Un point de vue d'un expert indépendant dans l'épineux dossier de la fracturation hydraulique.
samedi 6 juillet 2019
Occasion ratée de façon continue depuis 1979
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samedi 1 juin 2019
Nouvelle politique? : Pas de fracturation hydraulique...
Le Président : M. le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles.
C'est donc encore très différent des déclarations du ministre. Pour être conséquent, les règlements de la loi sur les hydrocarbures devrait être modifiés en précisant que la fracturation hydraulique (ou autre) est interdite partout au Québec. Et il faudrait aussi enlever tout le chapitre IX du règlement qui définissent des conditions où elle est actuellement autorisée.
Il y a aussi à effacer du Règlement sur le Prélèvement des Eaux et leur Protection (RPEP édicté en juillet 2014) les articles 40 à 46 qui autorisent la fracturation. Ce n'est pas encore fait, donc ce que dit le ministre, ce n'est pas la loi ni les règles en vigueur.
Le 7 mai 2019 l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité une motion (voir pp. 609 et 610) qui réitère l'interdiction de la fracturation hydraulique dans la vallée du St-Laurent. Ici, on ne parle pas d'interdiction universelle applicable à tout le territoire du Québec, mais seulement à la vallée du St-Laurent. Par contre, il n'est pas fait mention que cela serait limité à un type de roche le schiste. C'est donc de portée plus étendue que ce qui est dans les règlements:
mercredi 15 mai 2019
Le gaz de schiste perd tout avantage comme combustible quand on tient compte des fuites
C’est donc au moins 2,3% de la production. Comme le méthane des fuites incontrôlées part dans l’atmosphère avec son pouvoir de réchauffement climatique 87 fois celui du CO2, on voit vite qu’à l’utilisation du méthane en combustible fossile, il faut ajouter le gaz à effet de serre dû aux fuites. Dans un autre texte, je donne un tableau comparatif de l'effet GES pour divers taux de fuite CH4, versus le brûlage du mazout et du charbon. On cite souvent l'avantage du CH4 qui produit moins de CO2 (100 comme facteur de référence) lors de sa combustion, que les autres combustibles fossiles (mazout /charbon: facteurs CO2 entre 140 et 170). Par contre sur une base de calcul qui tient compte des fuites de méthane, le gaz de schiste produit plutôt un effet bien plus grand que celui de sa seule combustion.
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À toujours choisir de se calquer au cadre que l'industrie définit elle-même, à toujours restreindre les analyses aux "activités" de l'industrie, on introduit forcément un biais qui minimise l'évaluation des impacts et l'estimé des fuites notamment. Le commanditaire du rapport a payé pour cette analyse de cycle de vie relié (et limité) à ses activités et c'est ce que CIRAIG lui a fourni. Ce rapport CIRAIG s'inscrit donc dans des limites très étroites définies par la commande; il n'est pas valide pour autre chose que ça et n'est certainement pas valide au titre d'une véritable analyse du cycle de vie, comme certains le prétendent.
L'analyse de sensibilité du rapport CIRAIG utilise une valeur de 96m3/jour pour ajouter au bilan des fuites une valeur d'environ 1% de la production. C'est très sommaire comme analyse, cela ne tient pas compte de la dégradation des puits dans le temps, et surtout la durée de ces fuites est arbitrairement fixée à un horizon de 20 ans. C'est très mal connaitre la durée des processus géologiques en cause, car ces fuites vont perdurer sur des temps incommensurablement plus longs.
Quelques liens à consulter à propos des fuites des puits:
A. Cas de fuites au Québec:
- En décembre 2012 je commentais la valeur du débit de fuite d'un puits 300m3/jour qui est défini par l'industrie comme la limite des débits de fuite qui ne méritent pas d'attention particulière. Ça traine toujours dans "les bonnes pratiques de l'industrie" et encore en 2019 le CIRAIG (p.19) reprend telle quelle cette valeur sans aucun commentaire critique. La limite de 300m3 ne mesure aucunement une préoccupation environnementale. L'industrie juge qu'à 300m3 (environ 10000pi cu) de gaz perdu par jour, la valeur de cette perte de production ne vaut pas la peine de dépenser en frais de réparation et de maintenance du puits. C'est ~30$/jour (10 000$/an); c'est pas rentable en-dessous de ça de faire des frais. Le CIRAIG se discrédite totalement en avalisant cette approche.
- En septembre, en octobre et en novembre 2014, j'ai écrit trois textes sur les fuites des puits au Québec.
B. Cas ailleurs au Canada:
- Dans le nord de la Colombie Britannique où la formation Montney est activement exploitée par fracturation, on estime que les fuites sont 2,5 fois plus élevées que ce que rapporte l'industrie.
- En Alberta, la question du coût du traitement des fuites des puits abandonnés commence à être chiffrée, une note salée pour les générations futures: 100G$. Il y a 450 000 puits en Alberta ce qui équivaut à presqu'un puits/km2. L'inventaire de ceux qui fuient ou qui vont connaitre des fuites dans l'avenir est tout à fait incomplet.
C. Cas de méga fuites aux USA:
- Deep Water Horizon 20 avril 2010, origine d'une méga fuite de gaz, suivi de l'explosion de la plateforme de forage. En plus du gaz (non mesuré) on a évalué qu'il y a eu 4,9 millions de barils d'huile répandu dans la mer
- Aliso Canyon. 23 octobre 2015
- Un estimé global pour les USA donnerait 13 millions de tonnes/an
- Puits Elgin de la Cie française Total en mer du Nord; entre la rupture du puits le 25 mars et l'obturation le 16 mai 2012, il y a eu jusqu'à 200 000 m3/jour de débit de fuite. La corrosion précoce du tubage a été identifiée comme la cause de la fuite.
- Fuites de puits obturés en Hollande.
- les bilans mondiaux sont encore assez incomplets. Davies et al. 2014 indique qu'entre 1,9% et 75% (voir Table 3 dans la référence) des puits actifs ont des fuites dans diverses régions dans le monde.
lundi 18 mars 2019
Les pages "perdues" du MERN
Parfois les deux méthodes ci-dessus ne fonctionnent pas. Le document référé aura tout simplement été éliminé. En juin 2015, je commentais de façon critique la liste des experts retenus par le MERN en parallèle avec les études ÉES. Le journal Le Devoir a repris cette critique; dans mon billet et dans l'article du Devoir il y avait à chaque endroit un lien vers le communiqué de presse du ministre Arcand qui donnait la liste des noms et des affiliations (presque tous pro-pétrole) de ces onze experts invités par le gouvernement. Aucun de ces deux liens est aujourd'hui fonctionnel. Le MERN préfère faire disparaitre certaines bévues?
* Le site HYDROCARBURES du MERN présente en avant-plan les politiques et les réalisations du gouvernement et tente de mettre en valeur. On y a longtemps présenté de façon favorable l'établissement d'une industrie extractive des hydrocarbures. Les fonctionnaires ont jugé maintenant que les documents de consultation des commissions passées (BAPE 2011, 2014, ÉÉS etc. les études et les mémoires qu'on y a soumis, etc. ne sont plus d'actualité. La grande part des mémoires étaient fort critiques quant à la politique du MERN; tout cela a donc été balayé ou rangé hors de la vue. Ces commissions ont coûté des millions; la bonne pratique des sites web devrait toujours de préserver l'accès aux documents sur l'internet. La manœuvre de faire disparaitre des documents ou des liens est fort discutable; heureusement Internet Archive permet de contrer efficacement ces tactiques.